samedi 27 juin 2009

Dans trois jours






Dans trois jours je quitte, les six mois sont passés.
La ville est demeurée muette.
Des monuments, des arbres, de la pierre et du sable.
Pas de peau, pas d'appels.
Je ne crois pas que j'y retournerai.

jeudi 18 juin 2009

mercredi 3 juin 2009

Honte

Dostoievski la décrit avec majesté. Chaque fois, c'est sidérant. Toujours l'orgueil démesuré, puis le rouge au front d'avoir dit ou fait selon son coeur sans réfléchir, de s'en sentir blâmé.

J'ai cherché le mot honte sur Google images.


Quand j'étais

Quand j'étais minuscule, je disais à tout le monde: j'ai hâte d'être grande pour être un papillon.

Ensuite: J'ai hâte d'être grande pour être un garçon.

Quand j'étais écolière, je rêvais d'être une chanteuse. Du genre pop. Une chanteuse avec de longs cheveux noir, raides, et un pantalon taille basse avec une grosse ceinture de cuir et un pull très serré à col roulé.

Quand j'étais adolescente, je rêvais d'être une intellectuelle féministe qui, comme dans le roman de Marilyn French, buvait du chianti dans un vieil appart sans meubles mais bourré d'amis.

Quand j'avais 20 ans, je rêvais d'être d'être actrice et de tomber amoureuse dingue d'un metteur en scène qui se prenait pour Artaud et avec la seule force de mon amour démesuré je le sauvais de la folie.

lundi 1 juin 2009

lundi 11 mai 2009

mardi 5 mai 2009

Beauté désespérée



Je ne suis pas dans un film de Claude Sautet.
Je ne ressemble ni à Marie, ni à Stéphane.
Je n'ai pas de maison de campagne.
Je ne suis pas mariée à Montant.
Je ne suis pas la maitresse de Piccoli.
Je n'ai pas cette parfaite façade de bourgeoise désoeuvrée
des héroïnes glaçantes de ses films.
Par dessus tout, je n'ai pas la beauté désespérée de Romy.

lundi 20 avril 2009

Bouger






Il y a eu Napoli, ensuite Paris.
Tout changeait de pôle et d'épaule, comme l'écrivait le poète
Frémissements, je vous espère encore.

samedi 28 mars 2009

L'enfer

Pierrepierre, mon amour
Pierrepierre ton nom scandé
Pierrepierre.
Mon amour ce soir, fissure élargie.
Le jour où tu es passé chez-moi
En voiture, ta joie d'enfant
"C'est une surprise l'endroit où nous allons"
Je t'ai suivi jusqu'en enfer, ça m'a plu infiniment.
L'enfer, toi dedans, Pierrepierre.
Plus d'amour ce soir, figure léthargie.
Tous les chagrins mènent à Rome.

vendredi 27 mars 2009

lapin


Dormi dans un couvent à Cortona.
Au mur, cette image.
Un homme à la tête de lapin
Chez les bonnes soeurs
Ce n'est même pas amusant.
Étrange, presque tragique.
Pleure t'il là-dessous?

jeudi 26 mars 2009

monstre






Le monstre dit à alain delon:
je ne suis pas si mal, au fond
C'est l'ensemble qui pose problème
Pris séparément, les items
Front, joues,yeux, bouche, nez, menton,
Chacun est plutôt correct, non?
Alain Delon, dans un fou-rire
pria le monstre d'en finir
Se détournant du laideron
Retourna vite à la maison
Où son épouse et ses enfants
Elle belle et eux mignons
L'attendaient tout en devisant
Sur le drame de ces vivants
Sans harmonie et sans talent
qui s'adressent à Alain Delon
sans se sentir vraiment très con

dimanche 22 mars 2009

perdue

Anna arpente la città
Se demande comment poursuivre
Avec des pieuvres dans les yeux
Un regard tentaculaire
Forcément finit par dérouter

L'actrice mulpliplie les appels
Seuls les chiens entendent les aiguës

Anna songe à une autre bouche que la sienne
Aux baisers qui dérapent
À l'arrachement des sens

On ouvrirait son torse avec une lame
Que le mal serait infiniment moins vif

s'abandonner

Nouvelle à ce jeu, sais pas comment ils font pour
Ne rien supprimer
Le goutte à goutte mérite édition, non?
Chaque mot est soupesé, longuement réfléchi
N'arrive pas à publier sans évaluer
Le poids et la vraisemblance.
Est-ce exactement ce que le ventre dicte?
Y a t'il vautrage, sensiblerie, vulgarité?
À force de trop analyser
Il n'y aura plus de poésie
Qu'une maîtrise stérile du style.

vendredi 20 mars 2009

Dégaine Bashung


Voyez-vous ces êtres vivants?
Quelqu'un a inventé ce jeu
Terrible cruel captivant

jeudi 19 mars 2009

anges enragés






Regarde, regarde-les biens comme ils se haïssent les angelots
Petits monstres trouvés sur un bas-relief de la Villa Doria Pamphili,
Figures déformées, bambins avilis.
Qui les a imaginé si justement, qui a osé sculpter la face laide du monde?
Regarde le premier, tout entier dans le geste d'étouffement,
Une main sur la bouche de l'autre, l'autre qui effleure le front?
Concentré, presqu'amoureux? Oui, c'est sûrement du dépit.
Le deuxième montrant les petits qui s'étirent la bouche
Dans une grimace à la postérité.
Les troisièmes en guerre, un qui hurle et l'autre qui assène.
Le captif au visage arraché tente encore de se retenir
Aux parois lisses du monde.
C'est effrayant.
Admire.


mercredi 18 mars 2009

Anna



L'actrice avait un drôle de regard avide de cauchemars
Elle aurait bu l'apiacé toxique à s'en éclater les viscères?
Ça fait ça, une rupture.
Comme la ciguë, déchire la membrane secrète.
Elle avait une tête de poison officiel des masses laborieuses.
Anna, donna aperta.

Regarde


La ville aux oripeaux triomphants exhibe ses vieux restes de splendeur à tout venant
Pute splendide, elle se fend un peu plus chaque jour,
Via del corso ou del Governo Vecchio
Lungotevere ou bien largo
Le sang de mille générations a coulé ici,
Elle surgit neuve avec ses catastrophes.
(Elle vagit veuve avec ses apostrophes)
Autour, ça hurle les mots de Pasolini mais Bibi n'y comprend goutte
Autiste concentrée sur la folle équipée de sa détresse.
Une seule question la taraude:
Comment dire sa peine dans une autre langue que la sienne?

mardi 17 mars 2009

Avance


Il faudrait réussir à écrire l'état d'amour
Son sel propulseur de sève
Sa folle et aveugle course vers le mur.
Ensuite, la cendre dans la bouche
Il faudrait la faire goûter aux biches
Juste pour le mal.
Juste pour le mal.

Le monde est un drôle de lupanar
Les homicides pullulent
La ville est encombrée de cadavres
qui enlacent, qui poignardent.

Avance, avance dans les décombres.


Je me fais un sang d'encre pour les hommes qui marchent au moment où je les regarde.
Peur qu'ils s'écroulent au même moment et que j'en sois la cause involontairement.
Je détourne donc les yeux sur les objets vivants qui peuplent le trottoir.

Rome ressemble à un coffee table book
Qui traîne dans un salon trop élégant pour être le mien.
Où ai-je laissé mes petites affaires personnelles?
Dans quel pétrin me suis-je fourrée?

Il y aurait donc matière à mots?
J'en doute.
Mais j'y suis. Là.